Roselyne BACHELOT répondra-t-elle à Sébastien di MAYO ?

Madame la Ministre de la Culture,

Notre pays traverse une crise sanitaire sans précédent, qui a des répercussions sur notre société, mais dont toutes les conséquences n’ont pas encore été mesurées ni même « imaginées ».

Le monde de la culture souffre de cette crise, du quasi-silence imposé, de l’absence de contact avec le public sans qui le spectacle vivant n’existe pas. Et dans ce monde de la culture, les ensembles musicaux amateurs se sentent encore plus réduits au silence : c’est l’objet de ma sollicitation, en tant que chef de chœur.

Avant d’aller plus loin dans ce courrier, je tiens à vous préciser que si je suis rémunéré pour mes fonctions de chef de chœur, je réalise avant tout des missions au service de nos concitoyens en tant que fonctionnaire. J’ai notamment exercé des fonctions au sein de l’ARS PACA au cours de l’année 2020 qui m’ont conduit à être au plus proche de la première phase de l’épidémie en étant en lien quotidien avec les EHPAD du Vaucluse. J’ai donc une pleine conscience de la crise que nous traversons, de la nécessité de mettre en œuvre des conditions d’exercice qui permettent de ralentir la progression du virus, de favoriser l’accès au vaccin et de protéger celles et ceux que nous croisons.

Croyez bien, Madame la Ministre, que mon but n’est pas de remettre en question la mise en place de mesures de protection indispensables.

Je dirige donc deux ensembles vauclusiens, le Chœur Homilius et le Chœur Robert Grimaud, qui sont deux associations Loi 1901, dont les objectifs sont de donner des concerts tout au long de l’année, en Vaucluse mais aussi au-delà de nos frontières. Les répertoires de ces deux chœurs sont essentiellement centrés sur la musique sacrée, a capella ou avec orchestre, avec dans l’idée de faire découvrir des compositeurs peu ou pas chantés. Au-delà du travail de préparation, du travail individuel et du travail collectif, c’est bien le plaisir de chanter ensemble qui motive les choristes (et leur chef !), et de partager cette musique avec le public.

Au mois de septembre 2020, après quelques mois de silence, nous avons repris nos répétitions, avec masques bien sûr, et avec distance, dans des lieux suffisamment grands pour être éloignés les uns des autres, et à l’acoustique permettant ce travail. Malgré les masques, qui finalement n’empêchent pas de chanter, malgré la distance, le plaisir de chanter était là ! A nouveau découvrir ces pages de musique, à nouveau faire sonner des harmoniques, entendre les dissonances avec délectation et se retrouver sur un accord parfait ! Le bonheur de faire vivre, en live, la musique.

Le plaisir a été de courte durée, nous avons arrêté nos répétitions avec le second confinement, et depuis, plus rien. Impossible de travailler ensemble via les applications web, la latence est trop importante. Impossible de nous réunir en soirée (les chœurs amateurs sont faits de choristes qui ont une activité professionnelle en journée), et finalement impossible de trouver un lieu permettant l’accueil du chœur.

Aujourd’hui est repoussée la date d’ouverture des lieux de culture, et nous attendons avec impatience le 20 janvier pour pouvoir reprendre… mais est-ce que cela sera possible ?

Madame la Ministre, vivre sans culture est impossible, je sais que vous en êtes convaincue. Les professionnels, qu’ils soient comédiens, musiciens, chanteurs… ont pu reprendre et travailler : cela est essentiel, pour eux et pour maintenir une vie culturelle. Les maisons d’opéras ont diffusé leurs spectacles en direct sur le net, c’est le cas de l’Opéra d’Avignon et de l’Orchestre National Avignon Provence que vous avez récemment honoré de votre visite.

Nous, chefs de chœurs amateurs, choristes, souhaitons faire de même : pouvoir nous retrouver et travailler ensemble, et donner des concerts en version live sans public, ou avec des conditions sanitaires drastiques s’il le faut.

Madame la Ministre, nous attendons de vous une parole, un geste vers les chœurs amateurs : permettez que nous puissions nous retrouver en soirée pour chanter, avec bien évidemment l’engagement de la mise en place de protocoles sanitaires stricts et soumis à l’adhésion de chaque choriste. Permettez que nous puissions, nous aussi, participer à la vie culturelle de notre pays : les soignants font leur maximum pour soigner notre corps, mais les acteurs de culture dont nous faisons partie, pouvons aider à apaiser l’esprit, à lui donner un horizon lumineux, à accompagner chacune et chacun dans ces mois difficiles qui nous attendent, encore.

Vous êtes au cœur même de la gestion de cette crise, vous avez déjà donné notamment aux intermittents du spectacle des assurances quant à leur activité, votre engagement pour la culture n’est plus à démontrer, mais nous avons besoin de vous entendre, à nos côtés.

Vous remerciant pour votre lecture attentive, et restant bien sûr à votre disposition et celle de vos collaborateurs pour échanger sur les modalités d’exercice de nos répétitions et concerts, je vous prie de recevoir, Madame la Ministre de la Culture, mes hommages respectueux.

Signé : Sébastien di Mayo

 

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